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PLUME

Lecture Fantasy, par-delà le soin...

GEMMES DE CŒUR©

TOME I - TIMERION

Copyright ©2020 - Tous droits réservés - Droits d'auteurs protégés par horodatage.

RÉSUMÉ

PROLOGUE

CHAPITRE I

GEMMES DE CŒUR©

TOME I - TIMERION

Carte Timérion (LD).jpg

Résumé

 

    Plus personne ne se souvient de la véritable histoire de Timérion. Privé de toutes avancées technologiques, ce monde n’est plus que l’ombre de lui-même. Souillés par l’armée des Impardonnables, les dons sombrent dans l’oubli. Plus d’un millier d’années après la Guerre des Âmes Perdues, tout n’est plus que légende ou conte pour enfants. Pourtant, certains se sentent différents, cachant des capacités qu’ils ne s’expliquent pas, subtiles mais bien réelles.

    Pour que ce monde puisse guérir, ces vieilles blessures doivent sortir de l’ombre. Propulsé par le destin, un morceau de roche venu des étoiles va alors tout changer…

 

    Audrey Saïane n’a que six ans quand des visions lui en montrent l’impact : un cratère, une eau sombre, un pic esseulé, un conflit pour lequel peu de personnes sont préparées. Pourquoi voir quelque chose si tout est déjà figé ?

    Après avoir dépassé le doute et l’angoisse, elle s’obstine à affûter ses capacités. Plus que survivre, elle veut porter le flambeau de l’espoir. Les années la façonnent aussi bien que la responsabilité qu’elle s’est attribuée.

    À l’aube de la catastrophe, les indices se font rares. Elle ne connaît presque rien de son adversaire, si ce n’est qu’il va faire sombrer son monde dans le chaos. S’en suit alors une quête de vérité au cœur d’un univers d’émotions refoulées, l’amenant à rencontrer de nouveaux alliés.

Êtes-vous prêt à plonger ?

Plume: Actualités

GEMMES DE CŒUR©

TOME I - TIMERION

Prologue

    Annie claqua avec détermination la porte derrière elle. Après avoir pris une grande inspiration, elle quitta l’étroit défilé de pierre menant à son repère, pour s’avancer dans la forêt. Elle marchait aussi silencieusement que ses articulations douloureuses le lui permettaient, essayant de se fondre dans le pépiement des oiseaux et la complainte du vent dans les arbres.

    Malgré la quiétude environnante, son niveau de stress ne cessait de grimper à chacun de ses pas. Chaque mouvement l’entraînait un peu plus loin de son sanctuaire et elle savait que là où elle se rendait, elle serait une cible parfaite. Pourtant, au plus profond d’elle-même, rien ne la ferait changer d’avis. Sa décision était prise et il n’y avait personne avec qui argumenter pour la convaincre de faire marche arrière.

    Sa robe longue aux différents accents de brun était faite pour l’aider à se fondre dans le paysage. Même si ce n’était pas la couleur qui lui allait le mieux, elle restait la plus adaptée pour son excursion. Un châle vert foncé était posé avec nonchalance sur ses frêles épaules, rehaussant le tout d’une pointe de couleur, ce qui complétait à merveille son accoutrement. Sa longue tresse de cheveux blancs se balançait sereinement contre son dos, suivant le rythme de ses pas.

    Lorsqu’elle arriva à son point d’observation, elle peinait un peu à reprendre son souffle. Sa promenade à travers les bois, doublée de la peur ayant noué ses entrailles, justifiait totalement les déboires de son palpitant qui était très loin de ses tendres années de jeunesse. À ses oreilles, il faisait un bruit épouvantable. Pourtant, seules les sonorités de la forêt venaient perturber ce silence matinal.

    Elle se cacha derrière un grand chêne, plaquant son giron contre l’écorce. Annie pouvait sentir la moindre de ses rugosités modeler la chair tendre de son ventre. Elle essaya de se rassurer tant bien que mal mais son corps ne voulut rien savoir. Finalement, elle s’adossa au tronc et prit le temps dont elle avait besoin pour retrouver un semblant de calme intérieur. Elle en profita pour tendre l’oreille, restant à l’affût du moindre bruit suspect, puis finit par se retourner pour observer le paysage qui s’étendait devant elle.

    Après quelques arbres touffus et une série de bosquets s’ouvrait un espace dégagé, donnant sur une imposante bâtisse en pierre. Sur sa droite se trouvait une écurie qui devait être déserte. Elle pouvait en distinguer la toiture perçant à travers la frondaison environnante. Se pressant un peu plus contre le bois, elle tendit au maximum la tête afin d’essayer de mieux percevoir ce qu’il se passait dans sa maison, mais elle dut se rendre à l’évidence : de là, c’était impossible. Elle devrait se rapprocher davantage.

 

    Sa respiration s’accéléra lorsque les avertissements de sa petite-fille lui revinrent en mémoire. Elle ne devrait pas être ici. Il était encore temps de faire demi-tour si elle voulait rester en vie. Pourtant, elle ne pouvait ignorer cet appel. Son instinct la poussait à aller là où son cœur avait toujours résidé.

    Avec sa robe désormais clairsemée de brindilles, elle se dirigea furtivement vers l’entrée de son ancienne demeure. Elle traversa sans peine la cour, sans que personne la remarque, et gravit les trois marches qui menaient sur la petite terrasse de bois sombre précédant l’entrée. Annie s’avança et tourna doucement la poignée afin de se glisser à l’intérieur.

    Le chant lointain d’une cavalcade au grand galop la fit hésiter un instant. Elle referma précautionneusement la porte derrière elle alors que la litanie de leur chevauchée continuait de se rapprocher. Une goutte de sueur coula le long de son visage ridé, insinuant une lueur de doute dans son esprit quand un horrible raclement la fit sursauter.

    Un frisson glacé se répandit aussitôt dans ses veines, la faisant trembler des pieds à la tête. Avait-elle eu raison de s’aventurer jusqu’ici ? Elle ne pouvait plus passer par la porte d’entrée pour regagner son sanctuaire, mais peut-être que si elle empruntait celle de la cuisine, elle pourrait encore s’échapper… Malheureusement, c’est de cet espace que provenait ce crissement à vous glacer le sang.

    Dans un état de tension et de vigilance extrême, elle se dirigea courageusement vers la source du bruit afin de voir ce qui en était à l’origine. Elle s’arrêta, médusée, se plaquant contre le mur le plus proche. Retenant sa respiration à grand-peine, elle chercha à se faire la plus discrète et la plus petite possible. Surtout ne pas attirer l’attention de la chose postée devant l’âtre. Trop occupée à fourrager nerveusement dans chaque pot et bocal se trouvant dans sa cuisine, la bête n’avait pas encore remarqué la présence de la vieille dame.

    Annie ne savait plus quoi faire, pourtant, elle devait agir vite. Elle ne pouvait pas rester là, vulnérable et sans arme, à la merci de cette chose ou des gens qui s’agitaient à l’extérieur. Lorsqu’elle tourna la tête, elle s’aperçut qu’elle se trouvait toujours en face de l’entrée. Son angoisse se mit à grimper pour frôler des sommets rarement atteints dans sa vie.

    Désormais, toute retraite était impossible.

 

    Si c’était elle qu’on venait chercher, aucune cachette ne serait suffisante pour évincer ses poursuivants. Elle devrait affronter soit ce qui était en train de dévaster sa cuisine, soit la bande de mercenaires qui n’allait pas tarder à entrer. En jetant un deuxième coup d’œil dans la pièce voisine, elle releva un indice qui lui enleva toute option.

    À l’idée que le monstre la remarque, elle se figea. On ne laisse pas ce genre de détail à la merci d’une bête vorace !

    Il fallait qu’elle agisse et le plus vite serait le mieux. Pour l’instant, son seul atout résidait dans l’effet de surprise.

    Par miracle, à quelques pas de sa position, sur un présentoir aussi vieux qu’elle, se trouvait une lame des plus anciennes. Elle était toute rouillée et Annie n’avait jamais compris l’intérêt que son mari lui avait porté. Chaque fois qu’elle avait voulu s’en départir, il était rentré dans une colère phénoménale. Elle avait fini par l’accepter comme une part de lui. Aujourd’hui, elle était heureuse d’avoir capitulé, car elle n’en était pas moins une arme faite pour se défendre.

    Fin prête, elle s’empara de l’épée et revêtit son courage comme on passe une armure.

    Dans le silence le plus total, elle s’élança droit devant elle pour venir prendre au dépourvu la montagne de muscles qui lui tournait le dos. La lame s’enfonça souplement jusqu’à la garde. Ignorant la surprise, l’intrus se retourna, le visage sombre et implacable. Son corps se changea en un manteau d’ombre et Annie recula d’un pas, mais la distance qui la séparait de lui était beaucoup trop courte. D’un geste vif, il l’envoya valdinguer à l’autre bout de la pièce. Le choc fut des plus douloureux et lui arracha un cri qu’elle retint péniblement.

    Les yeux papillonnants, elle observait la lame dépasser de l’avant du corps de la créature, car cette chose n’avait décidément rien de normal.

    Elle regarda son propre thorax pour s’apercevoir que c’était un coup de griffe en pleine poitrine qui l’avait projetée aussi loin. Elle saignait abondamment tandis que son adversaire se rapprochait. Il était surdimensionné, si bien que sa maison ne lui avait jamais paru si petite. De sa gueule dépassaient des crocs longs comme sa main et son regard était complètement noir. Aucune pupille, aucune lumière ne pouvait se lire dans ses yeux.

    Rien que la mort et l’absence de vie.

    Il s’avança dans sa direction lorsqu’un sifflement aigu la força à se couvrir les oreilles. Le monstre l’avait perçu lui aussi. Il se recroquevilla en grondant sur le sol, essayant par tous les moyens de retirer ce qui était figé dans son dos, mais ses griffes n’accrochèrent rien d’autre que le vide. La lame prit une teinte jaune-orangé, lui arrachant un hurlement d’agonie.

    Sa vue commença à se voiler. De nouvelles ombres surgirent et s’éparpillèrent dans le vacarme.

 

    Annie avait du mal à suivre ce qu’il se passait. À chaque respiration, la douleur se faisait plus vive. Son corps était arrivé au bout de sa résistance et elle sentait que la fin était proche. Elle toussa. Un goût métallique envahit sa bouche et la manche brune qu’elle passa péniblement sur ses lèvres se teinta de rouge.

    Il y avait une grande agitation autour d’elle. Un combat se déroulait à quelques pas de l’endroit où son esprit était en train de s’envoler. Elle avait fait de son mieux, désormais cela ne la concernait plus. Elle vit une flaque de sang noir se répandre à ses pieds au fur et à mesure que le calme reprenait ses droits dans sa maison. Quel gâchis ! Si personne ne s’occupait de son parquet après ça, il serait complètement foutu. Cette remarque la fit rire avant de lui arracher une grimace. Sa maniaquerie la rattrapait jusqu’au seuil de sa vie.

    Quelqu’un s’approcha d’elle. Elle respirait de plus en plus faiblement. La douleur se lisait dans ses yeux quand elle les releva pour observer qui lui faisait face. Lorsqu’elle croisa ce regard, elle comprit toute l’importance de sa venue et pria son corps de lui accorder encore quelques instants supplémentaires. Et puis finalement, bien plus vite que ce qu’elle pensait, la mort vint la draper de son manteau tandis que l’acceptation et le soulagement éclairaient son visage.

    Elle ferma les yeux, s’abandonnant au néant.

 

    Audrey hurla sa souffrance lorsqu’elle se réveilla enfin. Non, ce n’était pas possible ! Sa grand-mère ne pouvait pas disparaître comme ça. Non, non, non ! Pas de cette façon. Elle n’était même pas là pour la protéger. À quoi bon toutes ces heures d’entraînement si elle ne pouvait pas aider la personne qu’elle aimait le plus au monde ?

    Des larmes roulèrent sur ses joues quand une tête tout ensommeillée apparut à la porte de sa chambre. Pour l’heure, ce n’était qu’une vision de plus et ce scénario ne s’était pas encore manifesté dans la réalité. Pourtant, elle savait au fond d’elle-même que cette potentialité était plus que présente. Cette vision était une mise en garde. Annie ne devrait absolument pas revenir ici après leur départ, si elle ne voulait pas y perdre la vie.

    Elle sursauta quand une main frêle lui caressa la tête. Les yeux bleu pâle de sa grand-mère ressortaient à peine dans l’obscurité de sa chambre. Un sourire las animait son visage tandis qu’elle prit sa petite-fille dans ses bras, tentant de faire partir la souffrance qu’elle lisait sur ses traits.

    – Encore ce rêve ?

Des sanglots parcoururent les épaules de la jeune femme avec une telle intensité et un tel désespoir qu’Annie ne put faire autre chose que de la serrer plus fort. Elle avait toujours été petite et avec son cœur étonnamment grand, il lui arrivait parfois de regretter des bras un peu plus longs, afin d’enserrer vraiment ses petits-enfants.

    Aujourd’hui, ils n’avaient de « petits » que le lien de parenté que ce mot leur offrait. Audrey était une jeune femme toute en muscles d’environ un mètre soixante-dix et son frère Jack la dépassait d’au moins une tête. Âgés respectivement de vingt-quatre et vingt-huit ans, aussi inséparables qu’obstinés, ils étaient la seule famille qui lui restait. Elle les aimait plus que tout et aurait fait n’importe quoi pour eux.

    – Nanie, s’il te plaît, promets-moi que tu ne reviendras pas.

    – Je ne peux pas.

    – Je ne comprends pas ton entêtement ! Si tu restes dans la cachette que nous t’avons aménagée, tu seras en sécurité. Si tu reviens, Il te tuera…

    – La mort nous attend tous au bout du chemin.

    – Épargne-moi ce discours alarmiste !

    – Il est pourtant vrai, même s’il te déplaît.

    De nouvelles larmes montèrent dans les yeux de sa petite-fille, qu’Annie essuya délicatement du bout des doigts.

    – Pourquoi ne peux-tu me le promettre ?

    – Parce que vous êtes mes priorités, quoi qu’il advienne de moi. Si je pense que je dois revenir ici pour vous aider, d’une manière ou d’une autre, je le ferai, même si je dois y laisser ma vie.

    Audrey sentait qu’elle perdait la bataille mais elle tenait absolument à obtenir cette promesse avant son départ.

    – Je ne pourrais pas partir si tu ne me promets pas de rester caché.

    – Je redoutais que tu me dises ça…

    – C’est le seul argument qui me reste. Je t’ai vu mourir dans cette maison, tuée par une ombre qui désirait quelque chose avec une telle force qu’elle balayait tout sur son passage. S’il te plaît, promets-moi.

    Ses yeux l’imploraient en silence. Son chagrin, toujours présent sur son visage, ne pouvait lui arracher autre chose qu’une promesse, dont elle savait au fond d’elle-même qu’elle aurait beaucoup de mal à tenir.

    Annie capitula.

    Elle ne voulait pas que sa petite-fille se fasse du souci pour elle car Audrey aurait besoin de toute sa concentration pour survivre aux épreuves qui l’attendaient. Elle finit donc par affirmer qu’elle resterait cachée, mais au fond de son cœur, il faudrait qu’elle lui pardonne, car elle savait que sa parole serait impossible à tenir.

Plume: Actualités

GEMMES DE CŒUR©

TOME I - TIMERION

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Le Tome 1 est déjà écrit !

Je suis à la recherche d'un éditeur

et j'espère réaliser ce rêve bientôt…

Plume: Actualités

Chapitre I

    Sommes-nous seuls dans cet univers ? Une question et tellement de possibilités. L’incertitude plane comme une ombre au-dessus de ces quelques mots, nous incitant à lever les yeux pour essayer de percer le mystère de ce décor sans fin.

    Quand je contemple le ciel étoilé dans la fraîcheur d’une belle nuit d’été, j’aime me laisser surprendre par toutes sortes d’improbabilités qui viennent fleurir à la lisière de ma conscience. Je laisse mon imagination gambader au grès de mes pensées volages. La réalité se met alors à flirter avec le fantastique, dans une danse endiablée où mon cœur en transe chavire au rythme des tourbillons de la galaxie.

    J’aimerais vous inviter à embarquer avec moi à bord de ce magnifique bateau, dont les voiles gonflées par le rêve nous emmènent vers de nouveaux rivages encore inexplorés.

    Peu importe le temps de la traversée. Soyez juste présents à vous-même et observez avec votre cœur ce que vos yeux ne savent pas voir.

    Le paysage est mouvant et berce nos émotions au grès de courants indomptés. Se faire surprendre par ce que la vie nous offre devient alors la source d’un étonnement perpétuel.

    À bord du navire, nous pouvons entendre le chant des sirènes qui nous racontent le monde : ballet des astres, véritable chant du cœur faisant vibrer notre imagination de bonheur.

    ZX240 errait à travers la galaxie depuis tant de temps qu’il lui arrivait d’oublier qu’il avait connu autre chose. Une fusion et une intimité qui commençaient à lui manquer malgré le plaisir qu’il pouvait avoir à voyager en toute liberté, dans cet espace infini.

    Lors des prémisses de son existence, il appartenait à un tout, bien plus vaste que lui : l’unité maternelle. La lune qu’il formait avec ses frères et sœurs avait abrité la vie pendant des millions d’années. Il aimait se rappeler toutes ces petites pattes grouillantes qui l’avaient foulé sans se rendre compte de sa présence…

    Un beau jour, il y eut une énorme collision dont l’onde de choc qui s’en suivit le fit naître en tant qu’individu. Ravi de son nouveau statut, il s’était empressé de découvrir ce qu’il ne pouvait qu’imaginer.

    Il avait vu tant de choses !

    Sa fougue et son envie d’exploration avaient fini par passer en même temps que sa jeunesse. Aujourd’hui, il était fatigué, usé par toute cette distance parcourue. Une renaissance, voilà ce qu’il lui fallait ! Son intuition lui murmurait que son chemin prendrait bientôt fin. Cette fois, ce serait lui qui se poserait sur un autre corps céleste. Cette idée, bien que terrifiante, était aussi pour lui, source de soulagement.

    Privé de toutes avancées technologiques suite à des lois très strictes, instaurées dans la douleur de la tragédie, Timérion était à sa merci.

    La Guerre des Âmes Perdues avait façonné à jamais la face de ce monde. L’armée des Impardonnables avait sillonné terres et mers, semant les graines de la désolation. Le sang avait complètement imbibé les sols, faisant rougir les eaux des torrents, privant ainsi les survivants d’une denrée aussi précieuse que l’eau pure. À la fin de ce conflit sans précédent, la population avait diminué de moitié.

 

    Malgré les larmes qui ne cessaient d’emplir leurs yeux, les témoins de ces massacres se relevèrent et tentèrent tant bien que mal de tourner enfin cette page si sanglante de leur histoire. Les différentes nations se regroupèrent pour former un nouveau mode de gouvernement. L’heure de la reconstruction était venue et tout le monde s’accorda à penser qu’une telle tragédie ne devrait jamais meurtrir à nouveau Timérion.

 

    Ainsi, le Tétradémos vit le jour et ses membres se jurèrent de tout mettre en œuvre pour que la population n’ait plus jamais à essuyer une nouvelle guerre de cette ampleur. Ils agirent vite et prirent des mesures comminatoires aussi inflexibles et absolues que l’acier le plus dur jamais forgé. C’est ainsi qu’ils condamnèrent de nombreuses personnes à payer le prix du sang pour leur hérédité ou leur ingéniosité.

    Sitôt installées, ces règles furent immédiatement remises en question et décriées par la voix du peuple.

    Loin de remettre en cause leur vision des choses, les nouveaux dirigeants jouèrent avec finesse et habileté sur les peurs et les souffrances que chacun pouvait ressentir dans sa chair et dans son cœur. Leur discours trop bien rodé anéantit la raison de leur auditoire et c’est ainsi que les gens perdirent leur liberté, en échange de la promesse d’un avenir meilleur.

    Tous ne se laissèrent pas bercer d’illusions, car la mélodie, aux accents rigides si rassurants, cachait en son sein un véritable couperet qui continuait de faire un grand nombre de victimes. Les opposants se firent entendre, clamant au dictat de ses dirigeants et réclamant une révision immédiate des lois dernièrement établies.

    Le Tétradémos, rebaptisé Grand Conseil par ses membres les plus virulents, ne voulut rien entendre et une nouvelle vague de violence éclata dans une société déjà mutilée par la guerre.

    Le calme revint en même temps que les âmes entreprenantes furent réduites au silence. Le temps se figea et les esprits s’engourdirent, plongeant les différents peuples dans une sorte de léthargie seulement troublée par le sifflement de l’acier, tranchant à coup de lames effilées des décisions mortelles dans le cou de personnes innocentes.

    Avec les années, le changement incarna le mal et toute avancée technologique fut détruite. Les terres gouvernées par le Grand Conseil connurent la paix, et ce qui avait tant troublé les esprits ne fut plus jamais remis en question.

    Puis les décennies passèrent, soufflant un vent d’amnésie sur les âmes de Timérion.

    Le souvenir de la guerre tomba dans l’oubli tandis que les lois se perpétrèrent dans le respect de la tradition.

    C’est dans ce contexte que l’astéroïde arriva, entraînant avec lui plus de conséquences que quiconque aurait pu prévoir.

    ZX240 survola la planète de très près et finit par être attiré par sa force gravitationnelle. C’est ainsi qu’il dépassa l’Île aux Quatre Vents, continua son chemin au-dessus de la Mer des Glaces puis des Collines aux Murmures, pour enfin s’écraser sur les berges du Lac Noir.

    Lors de son atterrissage, le météore détruisit tout sur son passage. Des petits éclats de roches s’élevèrent dans le ciel pour retomber en une pluie meurtrière. La terre ébranlée fut marquée d’une haie d’honneur funeste pour célébrer Son arrivée.

    Une fissure se propagea dans le cœur de la pierre. Un courant frais emplit son esprit, le réveillant de son long sommeil.

    Une pensée l’agita.

    Depuis quand était-il là ? Il ne le savait même pas. Il prit le temps de s’éveiller, goûtant au plaisir de s’étendre.

    Enfin libre !

    Il rêvait de ce moment depuis si longtemps. Cette collision était son espoir et cette fissure le témoin de sa renaissance. Il n’avait plus d’attaches et n’avait eu pour seule compagnie que ses ressentiments qui l’avaient rongé petit à petit. Il n’était désormais qu’une âme malveillante, nourrie de haine et d’amertume. La simple idée de son potentiel destructeur le fit sourire, provoquant une onde d’extase qui s’imprégna dans tout son être.

    L’emprisonnement l’avait rendu encore plus dangereux. Ce monde entendrait parler de lui. Il voulait faire le Mal pour qu’enfin son esprit trouve la paix. Il allait pouvoir s’amuser à détruire tout ce qui avait été si patiemment construit.

    L’environnement qui le berçait désormais était si riche comparé à sa cellule ! Il effleura la faune et la flore, comme un nouveau-né découvre un nouveau jouet, tout en reconnaissant l’ingéniosité de ses juges.

    Une prison dans une autre prison…

    Il fulminait de colère quand il sentit quelque chose approcher. Un sourire muet éclaira sa conscience. Il pourrait bientôt mettre son talent à l’épreuve…

    Son esprit put alors, avec délice, glisser hors de sa prison de pierre.

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Dépôt huissier le 14/01/2020

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